L’IA, un acteur central de la transformation économique, scientifique et géopolitique
- il y a 6 jours
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 5 jours

Alors que l’intelligence artificielle s’impose dans les discours publics, les investissements privés et les politiques nationales (nous sommes actuellement submergés d’informations sur le sujet), le tout récent AI Index Report 2025, publié par le Stanford Human-Centered AI Institute (HAI), dresse un état des lieux objectif de la situation. Cette huitième édition offre un panorama chiffré, nuancé et stratégique du basculement mondial en cours. Tour d’horizon des points clés du rapport ….
L’année 2024 a marqué une avancée spectaculaire dans les capacités des modèles d’intelligence artificielle. Sur des benchmarks de plus en plus exigeants comme le « Massive Multi-discipline Multimodal Understanding » - MMMU (compréhension multimodale), le « Graduate-level Google-Proof Question Answering » - GPQA (questionnaire de culture générale) ou le « Software Engineering Benchmark » - SWE-bench (résolution de bugs logiciels), les meilleurs modèles ont vu leurs performances grimper.
Une IA plus légère, plus rapide à déployer, et bien plus accessible.
Le plus impressionnant reste la montée en puissance des modèles compacts. En 2022, atteindre 60 % sur MMLU nécessitait un modèle de centaines de milliards de paramètres. En 2024, Phi-3-mini atteint ce score avec seulement 3,8 milliards de paramètres. Une réduction d’échelle par un facteur 142 !
Pourtant, des limites fonctionnelles subsistent.
Les IA excellent dans des tâches spécifiques (code, QCM, rédaction), mais butent encore sur les raisonnements abstraits et complexes, en particulier lorsqu’un enchaînement logique ou une compréhension contextuelle profonde sont requis.
Tout le monde y va !
Malgré ces limitations, le basculement vers une IA “opérationnelle” est désormais acté : 78 % des entreprises interrogées déclarent utiliser une forme (au moins) d’intelligence artificielle, contre 55 % en 2023. Le recours aux IA génératives progresse à une vitesse impressionnante, passant de 33 % à 71 % d’usage fonctionnel en un an. L'IA devient un acteur central de la transformation. Le plus surprenant est que les retours sur investissement restent (encore) limités. En effet, seules 49 % des entreprises signalent des économies notables en service client, et 43 % dans la chaîne logistique. Le marketing et les ventes tirent mieux leur épingle du jeu, avec 71 % des entreprises déclarant une augmentation de chiffre d’affaires, bien que dans 80 % des cas, cette hausse reste inférieure à 10 %.
Le rapport confirme une bipolarisation mondiale de la puissance en IA + un régulateur…
Les États-Unis dominent en termes de modèles majeurs (40 sortis en 2024), mais la Chine les talonne désormais en recherche scientifique. Les modèles chinois réduisent l’écart avec leurs homologues américains sur des standards tels que MMLU. L’Europe, quant à elle, se distingue moins par la performance technique que par son rôle dans la régulation, avec l’AI Act et diverses initiatives transnationales.
Face à cette accélération, les gouvernements multiplient les initiatives : 59 régulations IA ont été adoptées aux États-Unis en 2024 (contre 25 l’année précédente). L’UE, l’OCDE, l’Union africaine et l’ONU posent les jalons d’un futur plus encadré. Dans ce contexte, les entreprises peinent à suivre. Les pratiques de gouvernance responsable de l’IA (RAI) sont encore très hétérogènes.
Résultat : les incidents liés à l’IA ont augmenté de 56 %, et les biais algorithmiques — qu’ils soient ethniques, genrés ou géographiques — persistent, même dans les systèmes les plus avancés.
Autre fait notable, l’accès à l’IA a été profondément démocratisé en 2024.
Le coût d’usage des grands modèles a chuté de manière spectaculaire : de 20 $ à 0,07 $ par million de tokens pour des modèles de type GPT-3.5 entre fin 2022 et octobre 2024. Soit une division par 285.
Les modèles open source poursuivent leur rattrapage : l’écart de performance avec les modèles fermés est passé de 8 % à 1,7 %. Cette tendance ouvre la voie à une innovation décentralisée, portée notamment par des acteurs d’Asie du Sud-Est, du Moyen-Orient ou d’Amérique latine.
Science, santé, éducation deviennent des catalyseurs sectoriels de l’IA !
L’IA devient un levier décisif en santé, avec, par exemple, plusieurs centaines dispositifs médicaux IA approuvés par la FDA en 2023 (contre 6 en 2015). Des modèles comme AlphaFold 3 (prédiction de structures protéiques) ou Med-Gemini accélèrent les percées biomédicales. GPT-4 surpasse désormais des médecins dans des diagnostics complexes — mais la collaboration humain-IA reste plus fiable que l’un ou l’autre seul.
Dans le domaine de l’éducation, 2 pays sur 3 intègrent désormais l’informatique dans les cursus scolaires, mais l’Afrique reste en retrait en raison d’un manque d’infrastructure numérique.
L’étude d’opinion intégrée au rapport indique que 55 % des citoyens (dans 26 pays) estiment que l’IA apportera plus de bénéfices que de risques.
L’AI Index 2025 confirme que l’IA n’est plus une technologie émergente, mais un mécanisme structurant de nos économies, administrations et secteurs critiques.
L’intelligence artificielle devient plus rapide, moins coûteuse et plus largement déployée.
Bien évidemment, cette montée en puissance s’accompagne de tensions sur l’éthique, la sécurité, les biais et les inégalités d’accès. Le cap est donné : la transformation est en marche, mais elle devra être maîtrisée (ce qui n’est actuellement pas le cas) pour être durable.
Source originale :
Artificial Intelligence Index Report 2025, Stanford HAIhttps://ai100.stanford.edu/ai-index