Une machine (IA) peut-elle vraiment être drôle ? #7
- 10 déc.
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Dernière mise à jour : il y a 7 jours

Une équipe de chercheurs explore la capacité d’un modèle d’IA à générer des légendes d’image humoristiques comparables à celles créées par des humains. Mais est-ce drôle? Leurs résultats suggèrent que oui — dans certaines limites...
Des chercheurs de Columbia University (États-Unis) ont développé un système appelé HumorSkills, dédié à la génération de légendes humoristiques pour images, ciblant le public « Gen Z ». Leurs travaux sont présentés dans l’article “AI Humor Generation: Cognitive, Social and Creative Skills for Effective Humor”, publié en février 2025.
L’étude repose sur l’idée que l’humour, longtemps considéré comme « trop humain » pour les machines, nécessite une combinaison de compétences : observation visuelle, compréhension sociale, créativité et adaptation à un public.
Les auteurs identifient plusieurs étapes dans leur système : extraction des détails visuels de l’image, génération d’angles humoristiques, extrapolation narrative (liée à des expériences sociales) puis génération de légendes et leur classement par une « agent » fine-tuned pour l’humour Gen Z.
Une étude empirique a été réalisée : pour un ensemble d’images issues de comptes Instagram populaires, chaque image avait 15 légendes : 5 humaines très aimées, 5 générées par un modèle standard de vision-langage (GPT‑4o) et 5 par HumorSkills. Les participants — tous de la génération Z — les ont notées sur une échelle de 1 à 5. Les légendes HumorSkills ont obtenu une moyenne de 2,27/5, celles de GPT-4o étaient significativement plus faibles (-0,21 point) tandis que les légendes humaines étaient supérieures de seulement +0,08 point, différence non significative (p = 0,053).
Autres tests : sur des photos « quotidiennes » (camera-roll) et des œuvres d’art de musée, HumorSkills surpassait également GPT-4o de manière statistiquement significative.
L'étude montre que donner à une IA des « compétences humaines » — observation fine, narration, adaptation à un public — améliore nettement ses performances humoristiques. Toutefois, les auteurs sont prudents : le système est conçu pour un type d’humour (légendes d’image pour Gen Z). Il ne garantit pas qu’il fonctionne aussi bien pour d’autres publics ou formes d’humour (stand-up, dialogues, blagues complexes). L'IA est donc drôle, parfois.
Par ailleurs,
L’humour reste subjectif ; les écarts entre participants sont importants.
Le système est optimisé pour un « écosystème social » défini (Instagram, Gen Z) ; hors de ce contexte, les performances peuvent décliner.
Le modèle génère parfois des légendes « logiques mais sans surprise » ou au contraire « absurdes sans sens » — l’équilibre reste délicat.
En définitive, une IA peut produire des blagues (ici des légendes d’image) comparables, pour certains usages, à celles d’humains. L’étude fournit des preuves solides que, pour un cadre défini (public Gen Z, légendes Instagram), la machine peut atteindre un niveau « humain-compétitif ». Cela ouvre des perspectives intéressantes (automatisation de contenu humoristique, assistance créative) mais pose aussi des questions (authenticité, adaptation à d’autres publics, enjeux sociaux).
Source : ArXiv, février 2025
A suivre, le 8ème épisode :
Toute la série est disponible sur omestra.com
Une IA presque « parfaite »... Une série à snacker en attendant noël


