Les USA annoncent aujourd’hui un énième plan financier massif dans le domaine de l’intelligence artificielle. Les « inventeurs » du GPT mettent aujourd’hui aujourd'hui des centaines de milliards sur la table ...

Alors que l’Europe s’est voulue en « contre pouvoir » de la puissance technologique américaine, force est de constater que la réalité est nettement plus amère. L’intelligence artificielle est devenue le nouveau témoin du déclassement technologique européen.
Ceci nous rappelle l’enseignement de «L’Épopée de Gilgamesh » où Gilgamesh et de son compère Enkidu après s’être affrontés l’un l’autre, puis avoir affrontés le taureau et le démon géant gardien de la forêt où vivent les dieux, sont punis par la mort de Enkidu.
Alors, vous me direz que nous n’en sommes pas là, que nous avons Mistral, OvH et des mathématiciens de grande qualité. C’est vrai. Mais cela ne suffit pas. C’est une question d’échelle et de dollars…
Si on s’arrête sur la cas de Mistral, par exemple. Comme l’indique le site Maddyness, malgré les levées de fonds exceptionnelles de Mistral AI (plus d’un milliard d’euros au total), « ces chiffres sont peu de choses en comparaison d’Open AI qui a annoncé en octobre 2024 une levée de fonds de 6,6 milliards de dollars (6,3 Md€) sur une valorisation de 157 milliards de dollars, soit 149 Md€. Bref, un tour de financement dix fois supérieur à Mistral AI et une valorisation 27 fois supérieure. »
Je ne parle pas des super-calculateurs, ni du nombre limité de GPU dont dispose l’Europe en comparaison aux USA. La souveraineté en matière d’hébergement de données est également un sujet de préoccupation quand on connaît la forte dépendance des entreprises françaises aux fournisseurs américains (71 % du marché IaaS/PaaS est détenu par Amazon Web Services, Microsoft Azure et Google Cloud Platform).
La volonté régulatrice de l’Europe et l’hubris affiché par l’ancien commissaire européen en matière de numérique ont provoqué une situation asymétrique.
Quand l’Europe se tend, les USA foncent.
Nous aurions beaucoup à gagner en humilité et en pragmatisme. Nous portons le "Nase hoch" comme le disent nos partenaires allemands.... C'est probablement l'une des raisons majeures de notre situation actuelle en matière d'intelligence artificielle.
Dans ce contexte, une question se pose : allons nous assister à la mort numérique du héros Enkidu ?
Je reste fermement convaincu que l’Europe a les moyens de redresser la barre. En aura-t-elle la volonté?