Quand les GAFAM remodèlent le paysage médiatique mondial ... !
- Olivier Mégean
- 3 avr. 2024
- 3 min de lecture
À l'aube du XXIe siècle, l'avènement d'internet et l'essor des géants de la technologie, qu’on regroupe sous l’appellation GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, et Microsoft), ont marqué un tournant décisif dans la manière dont nous consommons l'information. Les médias ont mis en ligne gratuitement leur contenu, pensant « naïvement » que les recettes publicitaires allaient financer la production du contenu. Les GAFAM, ont alors développé leur audience (et leur force de frappe publicitaire) en exploitant gratuitement des contenus de qualité produits par d’autres. Et, ça a marché …

Cette nouvelle pratique, qui n’avait pas été préalablement suffisamment mûrie par les médias, a été si profonde qu'elle a non seulement redéfini les paradigmes de l'accès à l'information mais a également posé de sérieux défis pour les médias traditionnels. Quand ce qui était vendu précédemment … devient gratuit !! Forcément, cela impacte fortement les revenus des médias.
Une fois actée, la diffusion gratuite de l’information s’avère être un piège mortifère pour l’ensemble de la presse écrite. Comme dans toutes les « grandes familles », on s’embrouille… Sûrs de leur force, les dirigeants de presse passent leur temps à jouer cavalier seul, à essayer de tirer des profits individuels là où une action collective permettrait de mieux défendre leurs intérêts… Hubris quand tu nous tiens !
A présent, la crise qui secoue la presse écrite devient existentielle. Avant les années 2000, l'information était principalement véhiculée par des canaux traditionnels : journaux, magazines, télévision et radio. L'arrivée et la domination des GAFAM ont radicalement changé la donne, inaugurant une ère où l'information est omniprésente, instantanée, et largement accessible pour rien via le web. Et nous le savons tous très bien, ce qui est gratuit ne vaut rien !
Évidemment, cette évolution provoque de multiples conséquences :
· Dilution de la qualité de l'information :
Les algorithmes des plateformes sociales et des moteurs de recherche favorisent le contenu qui génère de l'engagement, ce qui a souvent conduit à une préférence pour le sensationnalisme ou les informations polarisantes au détriment de l'exactitude ou de la profondeur. Cette dynamique a entraîné une érosion de la qualité de l'information. Les médias traditionnels se trouvant engagés dans une course pour rester pertinents dans l'écosystème numérique.
· Modèle économique fragilisé :
La mainmise des GAFAM sur la publicité en ligne a érodé les revenus des médias traditionnels. Avec la capacité de cibler précisément les publicités en fonction des données utilisateur, les plateformes numériques ont attiré une part significative des budgets publicitaires, laissant les médias traditionnels en difficulté pour sécuriser les financements nécessaires à une journalisme de qualité.
· Concentration du pouvoir et Contrôle de l'Information :
En 2024, les GAFAM sont devenus les principaux gardiens de l'information, décidant quel contenu est promu ou supprimé de leurs plateformes. Cette concentration de pouvoir soulève des questions concernant la diversité des points de vue et le potentiel de censure, volontaire ou involontaire, qui peut influencer l'opinion publique et la démocratie elle-même.
· Vers un nouvel équilibre ?
Face à ces défis, les médias traditionnels et les régulateurs cherchent des moyens de rétablir l'équilibre. Des initiatives telles que le développement de modèles d'abonnement, la collaboration avec les plateformes numériques pour une meilleure répartition des revenus publicitaires, et la législation visant à réguler le pouvoir des géants de la technologie montrent la voie vers un paysage médiatique plus équilibré.
A ce stade, une question se pose : reste-t-il suffisamment de temps ?