L’essor de l’intelligence artificielle dans l’industrie cinématographique suscite des réactions pour le moins contrastées parmi les acteurs et réalisateurs. Si certains y voient un outil révolutionnaire, capable de repousser les limites de la création, d’autres s’inquiètent de son impact sur l’authenticité du jeu d’acteur et la pérennité des métiers du cinéma. Tour d’horizon des prises de position des célébrités face à cette technologie en pleine expansion…
Côté pile, des avancées techniques qui impressionnent
Tom Hanks, figure emblématique d’Hollywood et star de Forrest Gump, s’est récemment exprimé (octobre 2024) sur l’utilisation de l’IA pour le rajeunir dans le film Here. Grâce à la technologie Metaphysic Live, il a pu incarner son personnage à travers différentes générations en temps réel. Pour lui, cette innovation ouvre de nouvelles perspectives en matière de narration et de production, tout en permettant de visualiser immédiatement le rendu final, sans passer par la post-production.
De son côté, James Cameron, réalisateur de Titanic et Avatar, a rejoint en septembre 2024 le conseil d’administration de Stability AI. Il considère que l’IA générative, combinée aux images de synthèse, représente l’avenir du cinéma. Son ambition : repousser encore plus loin les frontières du storytelling visuel.
Pour sa part, Paul Schrader, scénariste du classique Taxi Driver, a également pris position en janvier 2025. Il a salué la capacité de l’IA à générer de nouvelles idées créatives pour le cinéma, affirmant que les réalisateurs peuvent y trouver une précieuse source d’inspiration.
Côté face, une menace pour l’authenticité et l’emploi ?
Tout le monde ne partage pas cet enthousiasme. Glenn Close, exprime en janvier 2025 son inquiétude quant à la perte de vérité et d’authenticité dans le jeu d’acteur. Elle redoute une standardisation des performances et une disparition progressive de la connexion humaine à l’écran.
Nicolas Cage et Robert Downey Jr. alertent quant à eux sur les dérives potentielles de l’IA dans la modification des performances sans le consentement des acteurs. Nicolas Cage, notamment, a critiqué l’usage de son image numérique dans The Flash, une scène ayant été altérée sans qu’il en soit informé.
Cette problématique pourrait (va) poser des questions juridiques et éthiques majeures pour l’industrie.
Todd Haynes, réalisateur de Carol et Velvet Goldmine, a quant à lui pris position en septembre 2023 en affirmant que l’IA ne peut remplacer le processus créatif humain. Selon lui, la création artistique repose sur des erreurs et du désordre que l’IA ne pourra jamais reproduire.
C’est vrai ça! L’IA peut-elle créer l’entropie?
Des métiers en danger ?
Au-delà des acteurs, l’IA impacte également les artistes de doublage et les nouveaux talents. Tania Kontoyanni, doubleuse québécoise, met en garde dès juillet 2024, dans le Journal de Montréal contre la menace que représente l’IA pour les voix off. Avec des algorithmes capables d’imiter les voix humaines, l’avenir du doublage traditionnel semble incertain.
Lisa Kudrow, connue pour son rôle de Phoebe dans Friends, a partagé cette préoccupation en évoquant le problème du rajeunissement numérique. Selon elle, cette technologie risque de limiter les opportunités pour les jeunes acteurs, les studios préférant rajeunir numériquement des stars établies plutôt que de miser sur de nouveaux visages. L’avenir nous le dira.
Il est incontestable que l’intelligence artificielle est devenue une réalité incontournable du cinéma. Si elle offre des outils révolutionnaires pour la création, elle soulève aussi de nombreuses questions sur l’avenir des métiers du secteur, la protection des droits des artistes et la nature même de l’art cinématographique. L’enjeu est désormais d’encadrer son utilisation pour garantir un équilibre entre innovation et respect de l’humain.
En France, le doublage cinématographique fait face à une transformation majeure avec l'essor de l'intelligence artificielle. Des outils capables de reproduire la voix des comédiens ou d’adapter automatiquement le mouvement des lèvres aux dialogues traduits menacent le modèle traditionnel. Si ces technologies promettent une réduction des coûts et une accélération des délais de production, elles soulèvent aussi des inquiétudes parmi les professionnels du secteur.
Les comédiens de doublage redoutent une précarisation de leur métier, tandis que les questions juridiques et éthiques sur l’exploitation des voix synthétisées restent ouvertes.